Attention : sujet à polémique, même au sein du cercle restreint des cyclistes 😉
Avant toute chose, je tiens à préciser que je ne suis pas contre le port du casque mais contre l’obligation du port du casque. La différence est importante !
Cet article fait suite à la proposition de loi d’Hervé Maurey : rendre le port du casque obligatoire. En effet, le casque ne fait pas encore partie des accessoires obligatoires à vélo. Selon moi, pour diminuer le nombre de tués à vélo (environ 150 cyclistes chaque année en France) d’autres pistes sont à exploiter. Pire, le fait d’obliger les gens à porter un casque à vélo pourrait être contre-productif !
Le casque, un frein au vélo
La part modale du vélo en Europe est de 11 % ( la part modale est » la proportion du trafic national effectuée par un mode de transport donné. ») . Néanmoins, il existe d’énormes disparités selon les pays. Citons le Danemark, pour lequel les déplacements à vélo dépassent les 40 % dans certaines villes… Alors que la moyenne française peine à dépasser les 3 %.
Selon moi, l’objectif prioritaire est d’inciter les Français à prendre leur vélo plus souvent, pour se rendre au travail par exemple (c’est d’ailleurs l’objectif de l’IKV ).
Le fait de rendre le port du casque obligatoire et d’alourdir la réglementation autour de la pratique du vélo peut être un véritable frein pour les nouveaux pratiquants. Cela demande un achat supplémentaire, de penser à l’avoir toujours sur soi, et fini le brushing impeccable en arrivant au boulot le matin 😉
En résumé, rajouter des contraintes à la pratique occasionnelle du vélo ne fera pas augmenter la part modale du vélo en France.
Preuve en est, en Australie, pays dans lequel le port du casque est obligatoire depuis 20 ans, un demi million de personnes ont cessé de se déplacer à vélo ! L’Australie songe d’ailleurs à faire marche arrière pour inciter ses citoyens à remonter sur leur bicyclette.
Casque obligatoire, Vélib’ au placard !
L’obligation du port du casque en Australie a donc entraîné une chute des parts modales du vélo. Pire encore, contrairement aux grandes villes européennes qui ont adopté le vélo en libre-service (style Vélib’), les villes australiennes de Melbourne et Brisbane ont connu un véritable échec à ce niveau-là !
Resituons-nous dans une grande ville française qui met l’accent sur les vélos en libre-service. À tout hasard, Nantes. Que se passe-t-il si vous souhaitez rentrer de soirée en Bicloo (les Vélib’ nantais 😉 ) car il n’y a plus de tram ? Impossible si vous n’avez pas pensé à prendre votre casque sous le coude en vous rendant à votre soirée en transport en commun !
Le principe du vélo en libre-service étant justement de rendre l’usage du vélo en ville le plus simple possible, cette loi me semble totalement inadaptée.
Le casque, pas si efficace qu’on le dit
Attention, j’insiste encore une fois là-dessus : je ne suis pas contre le port du casque. Néanmoins, selon cette étude le casque ne serait pas si protecteur que cela… En effet, le taux d’hospitalisation et le taux de blessures à vélo (y compris à la tête) sont les mêmes dans les secteurs où le casque est obligatoire que dans les provinces où il ne l’est pas. (À noter que cette étude à été réalisée au Canada).
Attention, si vous pratiquez une activité à vélo dite » à risque » (vélo de route, VTT, etc.) je ne peux que vous conseiller de mettre un casque, on ne sait jamais ! Certaines personnes ont été sauvées car elles portaient un casque. Cependant, selon les statistiques, le casque ne changerait pas le taux de blessures, c’est un fait.
Je pense que cela est aussi dû au type de casque qui sont actuellement vendus dans le commerce : ils n’englobent pas totalement la boite crânienne, ne protègent pas le visage, etc. De plus, la plupart du temps, les casques sont mal positionnés et pas assez serrés pour être réellement efficaces. Il faudrait donc porter ce type de casque intégral pour que le casque soit vraiment efficace :
Sauvez un cycliste, faites du vélo !
Le saviez-vous ? Selon un rapport officiel de l’OCDE, plus il y a de vélos, moins il y a d’accidents.
Pourquoi le nombre de cyclistes diminuerait le nombre d’accidents ? Pour deux raisons :
- Le comportement des automobilistes est amené à changer si ils rencontrent de plus en plus de vélos (surveiller les vélos dans le rétro à droite, priorités, etc.)
- Le taux d’équipement (voies cyclables, signalisations, etc.) augmente en fonction du nombre de cyclistes.
On comprends maintenant pourquoi il est nécessaire de faire en sorte que le nombre de cyclistes augmente dans les prochaines années ! C’est pourquoi l’obligation du port du casque, frein à la pratique du vélo, doit-être évitée à tout prix.
Sur ce tableau, vous pourrez voir ce qui cause le plus de traumatismes crâniens. Sans surprise, la voiture arrive largement en tête. Le vélo ne représente qu’un pourcent des blessures à la tête. Est-ce pour cela que ce n’est « pas grave » ? Non, certainement pas, mais comme expliqué ci-dessus, le casque n’est pas forcément le moyen le plus efficace pour faire baisser le nombre de morts à vélo.
Encourager le port du casque est une bonne chose (spot de publicité, aide à l’achat d’un casque, sensibilisation, etc.). Le rendre obligatoire serait, à mon sens et selon beaucoup d’études, inadaptée pour protéger les cyclistes.
Alors, M. Hervé Mauray, si le sort des cyclistes français vous tient tant à cœur, je ne peux que vous encourager à faire en sorte de militer et d’encourager les Français à prendre leur vélo pour les petits déplacements !
Personnellement, je ne mets pas de casque pour aller au travail ( 2 km de pistes cyclable). Cependant, dès qu’il s’agit de faire une longue sortie à vélo ou pour traverser la ville et affronter les nombreux automobilistes, je prends toujours mon casque. Est-ce aussi votre cas ?
Caroline
Intéressant ! Mais si le taux d’hospitalisation est le même, a-t-on des données sur la gravité des hospitalisations ? Le taux peut être le même, mais il est possible que le casque allège les séquelles ?
Alexis Baugas
Je t’avoue que je ne sais pas, l’étude ne précise pas mais effectivement, les blessures doivent être un peu moins grave.
À noter que la vitesse moyenne des vélos (non électrique) en ville est de 15 km/h, ceci explique peut-être qu’à cette vitesse il n’y ai pas » trop » d’accidents graves, avec ou sans casque. ( Vitesse moyenne / véhicule ici : http://hpics.li/572aebc )
Stephane
Héhé, merci pour ton article. Sinon, il y a 9300 personnes de plus de 65 ans qui meurent chaque année des suites d’une chute. Peut-on les obliger à porter un casque? 🙂 http://www.inpes.sante.fr/10000/themes/accidents/chutes.asp
Alexis Baugas
On peut proposer ça effectivement 😀
hubert
C’est encore une mesure très française, légiférer pour punir et raquetter.
Je pratique le vélo été comme hiver , je mets le casque le plus souvent possible car je suis conscient que ce sport est dangereux,donc je m’équipe mais pas sous « la contrainte » c’est encore une mesure qui décourage à la pratique .Ce serait plus souhaitable qu’ils mettent les moyens pour développer les pistes cyclables pour se mettre au niveau des meilleurs pays européens .
Alexis Baugas
Bonsoir Hubert,
Je suis on ne peux plus d’accord avec vous et je suis dans la même situation : je m’équipe d’un casque autant que possible, mais clairement pas sous la contrainte d’une loi qui n’est là que pour rassurer.
caroule
1. il est évident que le casque protège et réduit les risques de blessures voire décès, donc faire une propagande contre son utilisation est malsain !
2. l’argument qui consiste à dire que c’est une contrainte d’avoir un casque et que par conséquent on ne peut pas l’appliquer est trop court pour être valable : par exemple, il suffit d’associer un casque à un vélo en location; c’est comme si au moment de l’utilisation de la ceinture on vendait de voitures sans ceinture
3. l’argument qui consiste à prétendre qu’une obligation entraîne socialement un rejet, n’est pas suffisant pour justifier le non intérêt de l’obligation. C’est avant tout une histoire de pédagogie. Donc au lieu de taper sur le coté législatif, vous feriez mieux d’en défendre la finalité et insister sur les moyens à mettre en oeuvre pour que le port du casque soit compris.
Alexis Baugas
Bonjour,
1- Évident ? Je n’ai encore jamais vu d’étude dessus, mais soit, on va partir du principe que c’est le cas.
2- Habitez vous en ville ? Regardez les velibs, je ne pense pas que les casque resteraient bien longtemps.
3- Un argument ? Non, des études très concrète le prouve :
Enfin, je ne suis pas contre le port du casque, mais contre son obligation.
Pour troller un peu, on sait qu’un bon casque en voiture pourrait également sauver pas mal de vie (trauma crânien, etc.), pourtant, il n’est pas encore obligatoire en voiture 😉
ca roule toujours
A propos d’études sérieuses, il suffit de chercher un peu :
http://www.urgences-serveur.fr/traumatologie-du-cycliste,1634.html
on peut y lire par exemple que :
» La très grande majorité des cyclistes sportifs ont une image positive du casque, voire très positive. En revanche, la majorité des cyclistes utilitaires ont une image négative du casque… »
« l’effet protecteur du casque envers les blessures sérieuses à la tête semble être le même (baisse de 71% du risque) selon que le cycliste ait heurté ou non un véhicule motorisé, ou selon que l’accident ait eu lieu en milieu urbain ou rural. »
J’habite et travaille en ville et fait du vélo en ville et à la campagne.
J’ai personnellement vu des personnes qui ne seraient pas là ou pas dans la même état après une chute à vélo ! et la gravité de la chute n’est pas liée à la vitesse contrairement à ce que certains affirment.
J’attache toujours mon casque avec le vélo et je ne me suis pas fait plus volé mon casque que le vélo…
Je serais très curieux de trouver la source scientifique de l’étude montrant la soi disant corrélation :
obligation => augmentation des accidents !
(dans l’image citée il n’y a que des couleurs et aucun protocole précisant les mesures)
Quant aux voitures le casque s’apparente de plus en plus à un air bag…
Et une question : pourquoi etre contre ce qui est bénéfique ?
Alexis Baugas
Bonjour, et merci pour cette étude intéressante.
Je ne suis pas contre ce qui est bénéfique. Lorsque je fais des sorties, je met mon casque. Je suis contre l’obligation du port du casque (pas contre le port du casque, attention !). Pour les » nouveaux utilisateurs « , cela peut-être un frein, de savoir qu’il faut s’équiper, prendre le casque etc.
L’obligation du casque peut donc être un frein au développement de la part modale du cyclisme. Moins d’utilisateur = moins de budget pour les aménagement cycliste = plus de situation à risque pour les cyclistes.
Yeray
Je suis pour l’obligation de porter le casque pour circuler en vélo, parce que le cyclistes roulent par la route et parfois entre les voitures et si ils tombent le casque protège la tête des coups et reduit les lésions parce que la tête est protegée.
Un coup sur la tête peut provoquer lésions graves dans le cerveau que le casque peut eviter. Le casque protège aussi le visage.