Nous sommes le 21 juin 2016, c’est donc le premier jour de l’été. Je me réveille assez tôt dans l’appartement de Simon qui m’avait hébergé pour la nuit, via le site Warmshower. Simon dort encore ; il a dû rentrer tard cette nuit, car je ne l’ai pas entendu ! Je vais donc me préparer discrètement puis je commence à charger le vélo.
Je me rends compte qu’une vis de mon porte bagage est tombée la veille. Bien sûr, j’ai emmené tous les types de vis existantes de cette planète… Sauf celle-ci ! Simon étant un hôte formidable, il arrive rapidement à me trouver ce qu’il faut. Le vélo est réparé ! Après avoir chaleureusement remercié Simon pour son hospitalité, direction la gare routière.
Chers ami(e)s, j’en profite pour vous indiquer que, non, je ne passe pas mon temps à me plaindre de ce voyage. Mes articles relatent mon état d’esprit au moment de mon périple. Chaque problème chargeant la mule, il est vrai que je commençais à arriver à saturation…
Le bus, un nouvel espoir ?
Arrivé à la gare routière, j’avale un petit déjeuner et je commence à attendre. Je ne comprends pas l’allemand, mais j’ai l’impression que mon bus a été annulé. M’aurait-on menti sur la ponctualité et la rigueur sans faille de nos cousins allemands ? Visiblement, Gretchen la guichetière ne semble pas très coopérative et me dit d’attendre. Il faut dire que j’ai l’impression que personne, absolument personne ne parle anglais ici.
Avec plus d’une heure de retard, un bus de remplacement arrive enfin. Celui-ci ne va pas à Cologne mais à Duisbourg. J’ai déjà payé mon billet en ligne, donc je n’ai pas vraiment le choix. Je laisse rentrer les gens sans vélo d’abord (c’est-à-dire l’ensemble des passagers) et je demande ensuite au conducteur comment installer mon vélo sur le bus, en lui présentant mon billet. Lorsque nous avions réservé le billet, Simon m’avait en effet dit que je pourrais prendre mon vélo sur le bus sans souci.
Ici, Franz (il s’agit d’un nom d’emprunt afin de conserver l’anonymat de ce pauvre homme :p ) ne semble pas du même avis. Cependant, il ne parle pas un mot d’anglais. Et quand je dis pas un mot, c’est pas un mot. Même un simple « no » se transforme en un « nein » froid et sournois (notez la rancœur que j’ai encore à propos de Franz). Bien. Il semblerait que je sois dans la panade. Je comprends alors que je dois payer un supplément pour embarquer le vélo car je n’ai, soit disant, payé que ma place. J’essaie d’expliquer la situation à Franz, qui ne veut rien savoir. Je finis donc par payer.
Son collègue, Friedrich, m’ouvre alors la soute en me faisant signe de balancer mon beau vélo à l’intérieur. Je lui fais signe que le bus possède un porte-vélo à l’arrière, et que cela sera plus pratique et moins risqué pour le vélo, mais Friedrich et Franz ne veulent rien savoir. Ils me font signe qu’ils vont partir sans moi, que c’est la soute (et donc indéniablement un vélo abîmé) ou rien. Et là, chers lectrices, chers lecteurs, votre humble serviteur a perdu son calme. Ce n’est pas beau à voir ; je vais donc vous illustrer cela de cette manière :
En fin de compte, mon vélo est enfin installé à l’arrière du bus et nous partons enfin, direction Duisbourg. Le bus est confortable et le voyage est agréable, avec le wifi dans le bus s’il-vous-plaît 😉
Arrivée à Duisbourg, direction Düsseldorf
Mon vélo et moi-même arrivons entiers à la gare routière de Duisbourg. À peine arrivé, j’essuie une courte averse qui m’oblige à m’abriter quelques minutes. La faim se fait finalement sentir, et je décide alors de trouver un endroit où manger. Je tombe nez à nez avec un Burger King, et je suis ravi de constater qu’ici les chaînes de fast food proposent des burgers végétariens. Miam, du mauvais gras pour entretenir mes muscles qui me demandent des glucides et des protéines !
Je traverse rapidement la ville, que je trouve assez moche (j’apprendrai plus tard que je n’ai pas pris assez de temps pour visiter la ville, qui , à priori, vaut le coup d’œil) pour rejoindre l’EV15 le long du Rhin. Néanmoins, toute cette zone est réputée pour être le centre industriel de l’Allemagne.
Ici, la rive, bien que très urbanisée, est assez sympathique. Il y a de grandes et larges pistes cyclables sur plusieurs kilomètres. Il y a tout de même de beaux édifices qui valent le coup d’œil. Je quitte rapidement la ville pour rejoindre quelques kilomètres de champs et de nature. Je traverse encore quelques averses , mais ces quelques kilomètres sont agréables. Je dois ensuite prendre un bac pour traverser le Rhin et changer de rive. C’est ici que l’enfer commence (continue ?).
Je retrouve enfin la civilisation, dans un ersatz de ville et de haut fourneaux. Cela semble se prolonger à perte de vue… Ce qui est le cas d’après mon GPS. Je continue donc à suivre les panneaux sur la rive gauche de l’Eurovelo 15, qui, encore une fois disparaissent sans crier gare. Bilan ? J’ai – encore – fait un détour en pleine zone résidentielle. Je commence réellement à perdre mon calme. Le trajet ne devait durer qu’une trentaine de kilomètres, j’en ai déjà fait beaucoup plus. Il fait chaud, humide et il y a pas mal d’averses…
Il est l’heure de dormir… Ou presque
Je me perds encore et encore. D’ordinaire mon sens de l’orientation est plutôt bon, mais ici je navigue à l’aveugle. Entre certains panneaux et mon GPS, la direction n’est pas la même. L’après-midi se finit bientôt, et il est maintenant temps de trouver un endroit où dormir.
Problème ? La Rhénanie-du-Nord est une gigantesque zone industrielle, extrêmement urbanisée. Il y a bien quelques champs ici et là, mais tout est à découvert. J’essuie une pluie diluvienne qui m’oblige à me mettre à l’abri. Je suis à quelques kilomètres de Düsseldorf, dans une ville voisine et je constate qu’il n’y a aucun camping à des kilomètres à la ronde. Aucune zone verte qui pourrait accueillir ma tente. Je demande donc à de jeunes locales, qui parlent enfin correctement anglais, où je pourrais dormir. Elles me confirment qu’il n’y a pas de camping et que le camping sauvage est interdit. Je regarde rapidement les hôtels aux alentours via mon smartphone : le moins cher est à plus de 100 €.
Clairement, je n’ai plus le moral. Je me dis que je vais devoir passer la nuit à m’abriter sous un porche d’usine, à la vue de tous et cela ne m’enchante pas. Je reprends donc le vélo afin de me rapprocher d’une zone verte repérée sur le GPS. Le soleil commence à se coucher, je n’ai plus vraiment le choix.
Il s’agit d’un parc avec quelques chemins, et plus loin des canaux remplis d’eau. La zone est complètement inondée ; je suis à quelques mètres de la route mais de nombreux arbres vont pouvoir cacher ma tente. Je m’installe donc dans cette zone qui ressemble plus à un marécage qu’à un emplacement de camping. Cela grouille de grenouilles et d’énorme limaces, mais il faudra faire avec ! À vrai dire, j’ai plus peur de les écraser qu’autre chose, je fais donc extrêmement attention (cf la vidéo ci dessous, une jolie grenouillette locale 😉 )
Avant de m’endormir, je prends le temps de réfléchir. Deux options s’offrent à moi :
- Continuer à remonter le Rhin en traversant la Rhénanie-du-Nord, cette zone hyper industrialisée,
- reprendre un train pour me rapprocher des Pays-Bas.
La première solution ne m’enchante pas : la zone n’est clairement pas belle, et la météo est exécrable. La deuxième est plus attirante… Si ce n’est que la météo prévoit de nombreux orages, du vent et de grosses averses les 5 prochains jours dans cette zone. La nuit portant conseil, je verrai donc demain ce que je ferai.
La nuit s’annonce malheureusement très mauvaise, l’humidité étant omniprésente.
Bilan de ma quatrième journée sur l’EV15
Une journée horrible. Les problèmes s’accumulent, le temps est exécrable, je sors régulièrement de ma route et je passe donc mon temps à chercher mon chemin sur le GPS. Je ne prends aucun plaisir à rouler dans ces conditions.
Distance parcourue depuis le départ : environ 300 kilomètres.
Ma réaction à chaud
Découvrez mon dernier jour sur l’EuroVelo 15 sur cette page.
Courir-lemonde
Je viens de parcourir ton article ! C’était VRAIMENT la grosse galère ce séjour sur l’eurovélo 15 !
J’espère que le périple que tu envisage pour la fin du mois sera moins arosé ! Je suivrai ça 😉
Valentin
Alexis Baugas
J’espère aussi 😀
Cyrille
Bonjour,
je reviens de faire Bâle – Amsterdam en empruntant l’EV15 avant de bifurquer vers Amsterdam. La journée où j’ai dû passer Duisbourg est en effet mon plus mauvais souvenir pour ce qui est de la navigation ! J’ai moi aussi eu un temps pourri, mais en août-septembre, c’est supportable. Par contre pour le reste malgré les galères quotidiennes pour suivre le bon chemin, acheter à manger ou trouver le camping, ça a été une super expérience, pleine de bons souvenirs et de chouettes rencontres. Bref, tout ce que je te souhaite pour le prochain voyage
Alexis Baugas
merci ! Cool de voir que je ne suis pas le seul à ne pas avoir aimé cette partie haha
calvet
bonjour ,
en cyclo tourisme l’aventure oui , la galère non…..
on apprend par ton récit plein de choses ….le + des réseaux sociaux…
Moi , je m’apprête à acquérir un vélo T 500 chez cyclable et des infos sur le vélo m’intéressent….
as tu toujours ce vélo aujourd’hui ?
si oui qu’en pense tu pour une utilisation – rando 100 kms jours au niveau du confort après 5 ou 7 h de selle/j ?
toi tu a changé la selle d’origine,le guidon pour un cintre tu as changé le porte bagages arrière et ajouté celui de l’avant …
pense tu ces modifications indispensables pour pratiquer la rando ?
combien ce vélo peut il supporter de charge a ton avis ?
as ce que j’ai pu voir, tu as changé le porte bagages arrière et ajouté celui de l’avant …
as tu regretté un moment ou l’autre de n’avoir pas choisi un modèle mieux équipé d’origine pour le long cour ?
MERCI
Yvan
Alexis Baugas
Bonjour Yvan,
Oui j’ai toujours ce vélo, mais je ne l’utilise pas au quotidien, uniquement pour mes rando vélo. Niveau confort c’est cool. La selle, je trouvais essentielle de la changer, j’ai cette marque sur mes 2 vélos. Quand on fait beaucoup de vélo, il est essentiel de protéger cette partie de ton corps afin d’éviter tout problème plus tard …
Le cintre papillon est clairement du confort, mais franchement, si c’était à refaire … et bien je le referais, je trouve ca réellement pratique pour éviter les douleurs dans le trapeze et la nuque.
Le porte bagage arrière est celui d’origine.